Dixième réalisation du japonais Hirokazu Kore-Eda , " Notre petite sœur " ou " Umimachi Diary " est une libre adaptatio...

Notre petite soeur - Umimachi Diary [Compétition Cannes 2015]

Dixième réalisation du japonais Hirokazu Kore-Eda, "Notre petite sœur" ou "Umimachi Diary" est une libre adaptation du manga du même nom.

Et c'est superbe ! 



Sachi, Yoshino et Chika sont trois sœurs qui habitent dans une grande maison à Kamakura. Leur père vient de décéder et leur a laissé un cadeau inattendu : une quatrième sœur, Suzu, beaucoup plus jeune. Cerise sur le gâteau, elle est la fille de la femme qui a brisé le mariage de leurs parents. Décor planté.

Alors, "Notre petite sœur" est un film larmoyant ? Pas du tout ! 

Une très belle promenade dans le Japon des campagnes, loin des grandes villes bruyantes et urbanisées comme Tokyo, pour un film sur les liens familiaux plein de tendresse et de bonté. Car il en faut de la bonté pour Sachi qui propose spontanément à Suzu, sa demi-sœur qu'elle ne connaît que depuis quelques heures, de venir vivre avec elles.

Comme le titre japonais l'indique, c'est un journal, une vision de la vie quotidienne de quatre sœurs au sein d'une vieille maison dont les paravents ne ferment pas et où les prunes du jardin servent à faire de la liqueur.

Quatre sœurs à la fois semblables mais tellement différentes. Opposées même. Elles ne cohabitent pas, elles vivent ensemble. Avec des hauts et des bas. Et surtout, avec l'arrivée de cette nouvelle petite sœur qu'elles accueillent à bras ouverts. 




L'aînée, Sachi, incarnée par Ayase Haruka (vue dans les dramas "Tatta Hitotsu no Koi" et "Hotaru" ainsi que dans le film "Real"), est le pilier central de la famille. La référence, le modèle, la figure d'autorité. C'est la seule qui peine à construire sa vie affective et à se libérer de son passé.

Au final, c'est le personnage qui va le plus évoluer, passant d'une grande sœur autoritaire à une mère affectueuse. 

La benjamine, Suzu, est interprétée par Hirose Suzu (une jeune actrice très talentueuse ayant déjà plusieurs dramas et films à son actif) avec spontanéité quoiqu'un peu de formatage quand on est habitué aux dramas japonais. Elle accepte de changer de vie, de partir vivre avec trois inconnues. Une transformation lente, imperceptible mais profonde et réelle car elle va s'ouvrir à ses sœurs, accepter de les laisser entrer dans sa vie.

Quand aux deux autres, Yoshino (Nagasawa Masami - une bonne vingtaine de films et tout autant de dramas) et Chika (Kaho, elle aussi une habituée des films et des dramas), elles sont l'élément comique de l'histoire, la touche d'humour dans les moments lents, le sourire dans les moments graves.




Une mention spéciale pour la mère et la grande-tante, peu présentes mais qui font avancer l'histoire et évoluer psychologiquement les personnages.

Parlons aussi de la maison. Une vieille maison japonaise, au parquet craquant, au grand autel des ancêtres, où l'été est brûlant et l'hiver glacial. Elle vient appuyer avec grâce les mouvements de caméra.

La réalisation est très soignée, lumineuse. Hirokazu Kore-Eda sait sublimer la beauté naturelle de ses actrices : il y a comme une impression de caresse respectueuse.

Une autre chose marquante : la nourriture. C'est une part accessoire mais non négligeable du film. Elle permet de cristalliser les émotions et les non-dits. On se dispute autour de la table, on discute dans la cuisine, on se réconcilie avec la liqueur de prune.




Pour conclure, que dire de plus à part que c'est un film japonais? Beau. Lent. Profond. Symbolique. Poétique. Une tranche de vie. Un chemin de vie, une jolie histoire sur la possibilité de passer outre les faiblesses des parents pour enfin accepter de lâcher prise. Rester dans le passé ne sert à rien, il faut accepter de grandir et de construire sa vie.

Notre petite sœur, une très belle découverte qui mériterait une récompense cannoise... 




NOTRE PETITE SOEUR - UMIMACHI DIARY
Sortie le 28 octobre 2015 (France) - 2h06
Drame, Vie
Réalisateur : Hirokazu Kore-Eda
Acteurs : Ayase Haruka, Hirose Suzu,
Nagasawa Masami, Kaho


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